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Journal du Palais - Cinq éléments à deux

Christophe Lebrun et Frédérique Laurent. Ce couple s'est donné le pari fou de courir un marathon 100 % nature sur chacun des cinq continents en moins d'un an.

Cinq éléments à deux

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Pour leur premier marathon d'une série de cinq, Christophe Lebrun et Frédérique Laurent

ont couru sur les volcans en fusion de l'archipel du Vanuatu, en Océanie.

Un marathon sous le signe du feu, en été, dans le cadre du Grand Chelem Marathon,

pour les enfants de l'association « Achacun son Everest ».

Crédit photo : SDR

Ils se sont rencontrés à l'infirmerie. « Elle, clouée au lit avec de la fièvre, et moi qui souffrais d'un lumbago. Après de longues discussions, nous nous sommes rendu compte que nous avions couru de nombreuses courses ensemble, sans le savoir », se souvient Christophe Lebrun. Ce chef de produits dans une maison d'édition oscille entre Dijon et Paris, tandis que Frédérique Laurent est responsable qualité dans le développement durant à Genève. C'était en 2009, sur un raid en Ouzbékistan, ils couraient une course à pied qui traversait d'Est en Ouest le pays … Comme quoi les rencontres ne se font pas toujours dans une sphère géographique proche. Ce qui fait courir Christophe, c'est une année passée cloué sur un lit d'hôpital et un diagnostic des plus pessimistes qui le condamne à ne plus marcher. Mais sa volonté et son courage vont faire la différence. « Je l'étais dit que si je pouvais remarcher ou recourir, je mettrais la barre très haut afin de transmettre de l'espoir à ceux qui traversent des moments de souffrance ». Après de longs mois, il finit par se redresser, puis les premiers par fébriles sont vite suivis des premières foulées. 2007, c'est la première course avec la Grande Muraille de Chine pour décor. Deux ans plus tard : c'est la rencontre avec Frédérique et la naissance d'un projet original, le Grand Chelem Marathon. L'idée commence à prendre forme en 2011, dans la tête de Christophe Lebrun alors en plein Marathon du Pôle Nord. « Ce défi sur terres gelées fût, pour moi, l'élément déclencheur qui allait donner naissance à cinq marathon 100 % naturels ». Quatre sont même imaginés de toutes pièces. Courus sur les cinq continents, en rapport avec la théorie des cinq éléments, issue de la médecine chinoise, pendant les quatre saisons et une inter-saison, telles sont les consignes que Christophe et Frédérique vont mettre à l'épreuve dès 2012.


Volcan en fusion et désert de sel


Ce projet fou, réalisé en dehors de leur temps de travail, tout deux à temps plein, ils le courent au nom de l'association « A chacun son Everest ». Créée, il y a bientôt 20 ans, par Christine Janin, première femme française à avoir conquis l'Everest, première européenne à avoir gravi les plus hauts sommets du mon et première femme du monde à avoir atteint le Pôle Nord. Cette association permet à des enfants atteints de cancer ou de leucémies de se rassembler autour de stages d'une semaine à Chamonix pour qu'ainsi, eux aussi gravissent, à leur manière, leur Everest. « Nous ne savions pas où ça allait nous mener », explique Christophe Lebrun. Ce projet nécessite « une vraie gestion », de la logistique, de la recherche de sponsors, en passant par la création des parcours et les repérages grâce aux cartes satellites, mais aussi en faisant appel à des guides sur place. C'est une véritable aventure humaine dans laquelle s'est lancé ce couple. « Tu ne peux pas tout gérer, malgré une organisation, il y a toujours une part d'aléas qui est à prendre en compte. Aussi faut-il être réactif et avoir une forte capacité d'adaptation ». Deux qualités qu'ils ont appris sur leurs différentes courses. Car si dans la vie de tous les jours ces deux amoureux de nature travaillent dans des bureaux, en dehours de leur vie professionnelle ils courent dans des condition climatiques et géographiques les plus extrêmes et variées. Mais au delà du simple dépassement de soi, le couple souhaite également donner du sens à ses exploits. « Avec le Grand Chelem Marathon, nous avons choisi de courir pour l'association “A chacun son Everest” et ainsi montrer aux enfants malades qu'avec beaucoup d'engagement, de courage et d'espoir, même si cela est difficile, il est possible de gravir une montagne comme l'Everest et, parallèlement, de vaincre une maladie, explique Frédérique Laurent. On invente toute une histoire qu'on partage à deux, mais aussi avec les enfants ».


Testeurs d'équipement et cobayes pour laboratoires


Alors qu'ils ont déjà couru trois marathons (le marathon du feu, l'été dernier, en Océanie sur les volcans en fusion du Vanuatu ; le marathon du métal à l'automne de la même année, en Amérique du Sud sur le désert de sel et la réserve de lithium de Bolivie ; et le marathon de l'eau en hiver dans le Jura, au milieu des cours d'eau gelés), ils couraient la semaine dernière sous le signe du bois en Asie du Sud-Est, en pleine jungle tropicale de Sumatra, en Indonésie. Prochaine étape en juin, durant l'inter-saison, autrement connu sous le nom « d'été indien », pour un marathon sous le signe de la Terre en Afrique. En conjugant aventure personnelle des deux sportifs et quotidien des enfants malades, ce challenge est pour l'association, plus qu'un symbole, c'est du concret. Nos marathoniens de l'extrême nouent des partenariats financiers avec des équipementiers. Autant d'entreprises spécialisées qui peuvent ainsi tester des prototypes de matériels résistant aux grands froids, ou inversement aux fortes chaleurs, mais aussi à l'eau, autant qu'au feu … Les finds récoltés permettent de subventionner des stages pour les enfants d'« A chacun son Everest » et de participer au bon fonctionnement de l'association. A l'issue de ce Grand Chelem Marathon, Christophe Lebrun et Frédérique Laurent seront le premier couple à avoir couru sur les cinq continents eu moins d'un an. Un cas unique, qui intéresse également la communauté scientifique quant aux enjeux de la résistance de l'homme aux conditions extrêmes. « Nous jouons un peu les cobayes, les souris de laboratoire », s'amuse Frédérique Laurent. Avec cette différence que leur « roue » à eux, c'est les cinq continents. Pour la suite, les projets ne manquent pas. Mais sur le sujet, notre couple de globe-trotteurs préfère garder le silence, afin de ménager un certain suspens. Une chose est sûre, pour eux, l'aventure c'est « juste une question d'imagination. Nul besoin de pacourir des miliers de kilomètres. Après tout, la distance officielle d'un marathon est de 42,195 km, soit à peu près la distance Dijon-Beaune ».


En six dates :

1962 – Naissance de Christophe Lebrun, le 5 octobre à Amiens.

1969 – Naissance de Frédérique Laurent, le 10 mai à Maison Laffitte.

2009 – Se rencontrent lors d'une épreuve de course à pied, sur un raid en Ouzbékistan.

2011 – Marathon du Pôle Nord pour Christophe Lebrun, première course pour l'association « A chacun son Everest ».

2012 – Début du Grand Chelem Marathon : avec en août, le marathon du feu et en octobre, le marathon du métal.

2013 – Le Grand Chelem Marathon se poursuit avec en févier, le marathon de l'eau ; en avril, le marathon du bois et en juin, le maraton de la terre.


Antonin TABARD

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Article paru le 22 avril 2013 dans le Journal du Palais.

Crédit photo : SDR

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